Les images de statues antiques circulent dans les manuels scolaires, à la télévision, dans les publicités. De la Vénus de Milo aux portraits d’empereurs romains, ces statues, qui nous sont familières, sont aussi plus ou moins bien conservées. Si certaines ont été restaurées, il manque à d’autres un bras ou une tête. Elles ont néanmoins toutes un point commun : leurs couleurs d’origine ont disparu.
Depuis plus de deux siècles en effet, l’archéologie a mis au jour de nombreuses traces de couleurs et les recherches se poursuivent grâce au perfectionnement technologique des outils d’examen et d’analyse. Ni blanche à l’état neuve, ni patinées par le temps, les statues antiques en marbre étaient bien polychromes.
Mais alors que les Anciens peignaient leurs statues, nous avons développé un autre imaginaire. En cause notamment, les copies et les moulages, les références à l’antique dans l’art contemporain d’hier à aujourd’hui, qui intègrent très rarement la polychromie originelle des statues. Acte volontaire, simple méprise ou conséquence non anticipée, c’est tout un patrimoine qu’il nous faudrait reconsidérer aujourd’hui.
Dès lors, comment les institutions qui conservent notre patrimoine partagent-elles ces savoirs dans leur parcours d’exposition ? Quelle médiation est proposée au musée ? Et comment les visiteurs s’en emparent ? Réécrire un patrimoine, est-ce d’ailleurs qu’une affaire de savoirs ? Pour répondre à ces questions, nous avons mené l’enquête.
Cette enquête a été réalisée dans le cadre d’une thèse de doctorat en muséologie (2016-2021). Écrite à la première personne, l’exposition retrace cette recherche singulière, mais non moins collective, en quatre étapes :
- S’étonner d’une curiosité
- Recueillir les points de vue
- Construire une réflexion
- Soumettre une interprétation.