Le site officiel Robin Mc Kelle, son site Myspace. Charme rétro à la Ella Fitzgerald et liberté contemporaine : tournée française après la sortie de l’album «Modern Antique». «Je ne savais pas que je serais une chanteuse de jazz. Je savais seulement que je serais chanteuse. » Le temps n’est plus aux filles nées dans des arrière-salles de bouis-bouis dans un faubourg des années 1920. Les jeunes stars du jazz actuel savent tout chanter et ont fréquenté dix genres avant de s’y fixer. Sont-elles fixées, d’ailleurs ?
Robin McKelle vient de sortir son deuxième album, Modern Antique (chez Blue Note) et la chanson la plus remarquée en est Abracadabra, reprise parfaitement swing d’une chanson du Steve Miller Band, typique de la pop synthétique du début des années 1980. Elle en donne, sur son disque comme actuellement en tournée avec son trio, une version taillée dans un manteau nocturne d’élégance et de chaleur jazz.
Robin McKelle – Abracadabra
Et elle ne se savait pas douée pour cela, a priori. À 3 ou 4 ans, elle chante folk avec maman à la guitare. À 5 ans, elle participe à une distribution amateur de la comédie musicale Annie.« Quand je chantais Tomorrow ou Maybe, je voyais des gens qui pleuraient. Je ne comprenais pas du tout… » Piano classique, piano jazz puis études d’opéra tout en chantant de l’Aretha Franklin le week-end avec un groupe de blues et de soul. Pour concilier les deux, elle commence des études de jazz, au cours desquelles elle découvre vraiment Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan. « Ma route a été sinueuse. En même temps, j’écrivais des chansons pop, j’étais choriste, je chantais dans des groupes de r’n’b, je suis même allée à Los Angeles pour essayer de percer. Le virage important a été le concours Thelonious Monk. Je ne pensais pas avoir le niveau… » Sur une voie royale Couronnée par le plus prestigieux concours américain de jazz, elle est sur une voie royale. Premier album, Introducing Robin McKelle, en 2006, avec un big band.
Le suivant vient de paraître, sur à peu près la même formule : un orchestre qui fait inévitablement penser à l’âge d’or des années 1940-1950, un mélange de grands classiques (Lullaby of Birdland, Cheek to Cheek) et de titres plus contemporains (Save Your Love for Me), avec désormais ses propres compositions. Et puis cet Abracadabra dont le producteur de son album avait commencé par ne pas vouloir. « Il disait que ça ne fonctionnerait jamais. Mais j’étais sûre du contraire. Alors j’ai vraiment insisté. » Convertir au meilleur jazz un tube radio des pires années du 45-tours est-il plus facile que s’attaquer à des monuments comme Cheek to Cheek ? « Je n’y réfléchis pas trop, je ne me torture pas l’esprit. Je ne vais pas m’arrêter au fait que d’immenses artistes ont déjà enregistré ces chansons. La vie ne m’intimide pas vraiment. » (Bertrand Dicale, Le Figaro). .