Bob Dylan “Tell Tale Signs: The Bootleg Séries Volume 8”

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Bob Dylan revient avec le 8 ième volume des désormais très attendues Bootleg Series : « Tell Tale Sign » Ce 8 ième volume rassemble 27 trésors issus des sessions d’enregistrement que Dylan a fait au cours de ces 20 dernières années pour “Time out of mind“, “Love and theft”, “Modern Times” et “Oh Mercy“, 4 albums qui ont remporté un immense succès tant auprès du public que de la critique. Les bootlegs series proposent des versions alternatives de titres présents sur ces albums mais également des titres absents des albums et pourtant enregistrés au même moment. On y trouve également des enregistrements live, les enregistrements de titres originaux pour des bandes originales de films et la démo d’un titre. Un livret de 60 pages accompagne ces disques (FNAC).

Occupant un bon tiers de ce volume 8 des Bootlegs Series, des chutes ou versions alternatives de Oh Mercy, un album important. L’opinion générale en avait attribué la réussite à la production de Daniel Lanois. Si la gueule d’atmosphère du son Lanois est indéniable, on mésestimait l’altitude du songwriting de Oh Mercy et il fallait qu’un Sufjan Stevens reprenne le splendide Ring Them Bells pour qu’on s’en aperçoive. Depuis, on a aussi dévoré les pages magistrales des Chronicles, l’autobiographie parcellaire du Zim, où il décrit placidement ses conflits avec Lanois pendant l’enregistrement de l’album, ses magiques virées en moto dans le bayou de Louisiane. Nul doute que Dylan fut inspiré par le voodoo state et ça s’entend ici à travers teintes gospel, talkin’ blues poisseux ou ballades country-laidback à la JJ Cale. Le swamp, l’humidité, les saules pleureurs, les légendes vaudous et la grande maison gothique qui servit de studio ont déteint sur Dylan et sa disposition d’esprit au moins autant que la science sonique de Lanois, pour le meilleur. Au menu de ce volume 8 figurent aussi des inédits de Time Out of Mind, autre production Lanois, quelques live, des pépites folk-blues du répertoire ancestral (32-20 blues) ou encore des extraits inédits de Modern Times. Des titres comme Mississippi ou High Water reprennent une furieuse actualité à la lumière noire des inondations de La Nouvelle Orléans. Parfois, Dylan horripile avec son timbre de vieille chèvre asthmatique et ça, même un fan peut l’admettre. Mais quand il pousse sa voix dans le rouge sur des blues électriques, ou quand il la repose dans le bleu de graves sans effort, il remue vraiment.

Evidemment, on peut très bien n’entendre ici qu’une simple compile de l’histoire de la musique américaine au XXème siècle, ce qui n’est déjà pas rien. Et c’est ainsi que Dylan lui-même aimerait qu’on l’écoute, simple chanteur américain parmi d’autres. Mais qu’il le veuille ou non, il n’est pas un bluesman lambda mais Bob Dylan, le type qui a changé la face du rock et de la culture mondiale dans les années 60. C’est ce qu’on entend ici : du rock, du blues, du folk banals, mais chantés par un mythe vivant. Une voix humaine, fragile, vieillissante, mais aussi une voix qui charrie l’histoire. Dylan, où l’éternel talmudiste des Tables de la loi de la musique américaine. (Les Inrocks)

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