Visite de l’exposition “Genèse de l’Empire céleste”

Exposition genèse de l'empire celeste
 
Visite de l’exposition “Genèse de l’Empire céleste” au musée des arts asiatiques de Nice.
Genèse de l’Empire céleste est une exposition inédite en France coproduite par le musée départemental des arts asiatiques (Nice) et la Fondation Baur (Genève), avec le généreux soutien de M. Sam Myers.
 
La collection Myers comprend un des plus importants ensembles de jades archaïques chinois conservés en Europe.
 

 
Conservateur général honoraire du patrimoine, Jean-Paul Desroches est le commissaire invité de l’exposition. Il offre au public une vision originale de l’histoire du jade en Chine.
 
Du fait de sa dureté, le jade est engagé dans la pérennité. Lors de fouilles archéologiques, les précieuses gemmes constituent les vestiges culturels les mieux conservés. Les premiers outils pour couper découverts sur le site de Xiaogushan à Haicheng (province du Liaoning) auraient 12 000 ans. Quant aux jue, anneaux fendus en jade utilisés comme boucles d’oreilles, ils ont été exhumés en nombre dans les cultures de Xinglongwa (env. 6200–5200 av. J.-C.) et Zhaobaogou (env. 5200–4500 av. J.-C.). Dès lors, beaucoup considèrent aujourd’hui que le travail du jade aurait une histoire de quelque 8 000 ans.
 
Depuis le Néolithique, la Chine entretient un lien fondamental avec le cosmos. Le monde repose alors sur le binôme Ciel-Terre, et l’Homme, impuissant, assiste à leurs échanges incessants. Avec l’émergence des premières dynasties royales (XVIIᵉ–IIIᵉ siècles av. J.-C.), chamanes, sorciers, devins, philosophes, sages s’affairent à mettre le monde en ordre. Procédant par analogie, ils donnent une forme concrète à leurs spéculations en recourant à un bestiaire fantastique. Sous les dynasties impériales (221 av. J.-C.–1911 apr. J.-C.), s’impose la triade Ciel-Terre-Homme. Bien qu’observateur attentif au cœur de cet univers, l’Homme est désormais appelé à l’immortalité. L’exposition est une invitation à parcourir sur plus de quarante siècles cet itinéraire émaillé d’œuvres rares, façonnées dans une pierre d’éternité, le jade.
 
Révélant et épousant les évolutions de cette vision métaphorique du monde, les objets en jade montrent une profonde évolution plastique : le ciseleur devient sculpteur à part entière, engageant ses créations dans les trois dimensions. Si, au départ, les représentations frôlent l’abstraction, au fur et à mesure se fait jour un langage qui ondule en surface, avant de pénétrer la matière jusqu’à la façonner en la transformant de l’intérieur, pour faire surgir un réalisme puissant fondé sur une observation attentive.
 
LA COLLECTION MYERS
 
Un panorama en jade
 
Les quelque cent-cinquante pièces réunies dans le cadre de cette exposition sont habituellement conservées dans leurs précieux écrins à l’abri du regard. Leur présentation constitue un évènement, invitant le public à découvrir des oeuvres emblématiques mais également des pans méconnus de la civilisation chinoise.
 
En effet, la grande ancienneté de certaines œuvres, réalisées il y a 4 000 ans, s’explique par la noblesse du matériau utilisé. Les jades présentés dans l’exposition sont en néphrite, ou ruanyu (jade tendre) en chinois. Il s’agit d’un silicate de calcium et de magnésium avec des cristaux prismatiques allongés en fibre caractérisés par des plans de clivage faisant un angle proche de 125°. À la fois fragile et résistant, ce minéral doit être façonné par érosion.
 
Trait d’union depuis le Néolithique, le jade est un incomparable miroir de la Chine. Sa beauté tout intérieure enchante autant qu’elle interroge : elle recèle et révèle les fondements de sa longue histoire. Chaque objet est comme une fenêtre ouverte sur un monde à découvrir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.