Joyau baroque de l’aristocratie civile du XVIIe siècle, le Palais Lascaris, en collaboration avec le Centre diocésain d’art sacré de Nice, présente une riche sélection d’œuvres et d’objets d’art sacré choisis parmi environ 250 pièces conservées dans les réserves du musée. Cette exposition est l’occasion pour le Palais Lascaris de dévoiler ses « Divines collections », sur les traces d’importantes expositions consacrées à l’art sacré durant le XXe siècle à Nice.
Patrimoine souvent oublié, ces objets sont le témoin de notre histoire mais aussi de la création artistique à l’époque moderne sur le territoire de Nice et son ancien Comté. Couvrant une période qui s’échelonne du XVe siècle jusqu’au début du XIXe siècle, il s’agit principalement de peintures, sculptures, orfèvreries, ornements liturgiques (paramentique). Nombreux objets sont classés mobilier protégé au titre des Monuments Historiques et proviennent principalement des collections historiques de la Ville (autrefois conservées au musée Masséna), d’acquisitions mais aussi de dépôts d’édifices religieux de Nice (trésors de la Cathédrale Sainte-Réparate et de l’église du Gesù) et du haut-pays des Alpes-Maritimes (dépôts réalisés afin d’offrir à ces objets de bonnes conditions de conservation et de sécurité). L’exposition bénéficie également de prêts du musée des Beaux-Arts Jules Chéret et de la bibliothèque patrimoniale Romain Gary.
La richesse historique et la diversité de ces objets témoignent des cérémonies religieuses baroques et de l’évolution des décors dans les édifices religieux du comté de Nice qui fut une terre d’élection de l’art baroque aux XVIIe et XVIIIe siècles. Pendant cette période, de nombreux édifices religieux furent construits ou reconstruits dans l’esthétique du mouvement baroque ; c’est le cas de l’église du Gesù construite à la même période (1612 -1642) et de la Cathédrale Sainte-Réparate, siège de l’évêque, reconstruite au XVIIe siècle, toutes deux situées à proximité immédiate du Palais Lascaris.
Une collection de tableaux à paperoles (reliquaires de papiers) et de bénitiers, la plupart en porcelaine, témoignent de la réalisation d’œuvres de caractère sacré destinés à des habitations privées, de la dévotion et de la piété populaire qui existaient aux XVIIe et XVIIIe siècles dans le comté de Nice. La présence du religieux dans le civil à cette période se retrouve à l’étage noble du Palais Lascaris où l’on trouve une chapelle qui fut reconstituée lors de la restauration de l’édifice à la fin des années 1960. Nombreuses étaient les propriétés aristocratiques qui possédaient leur propre chapelle. Celle du Palais Lascaris conserve encore son plafond d’origine en stucs rehaussés d’or encadrant une fresque centrale qui représente l’allégorie de la Sagesse défiant le Temps et la Mort. De nombreux baptêmes et mariages y furent célébrés avant sa transformation en chambre vers 1738. En collaboration avec le Diocèse de Nice, la présentation de l’autel constitué par des éléments dorés provenant d’églises locales et datant du XVIIIe siècle, a été repensée pour l’occasion.
Le Palais Lascaris, situé au cœur de la vieille ville, est le monument le plus remarquable du baroque civil niçois par son escalier monumental, ses fresques et ses salons luxueusement décorés. Il constitue, avec la douzaine d’édifices religieux situés dans son proche voisinage, un ensemble exceptionnel qui décline les phases successives de l’évolution de l’architecture baroque, du début du XVIIe à la fin du XVIIIe siècle. Le Palais a été édifié au milieu du XVIIe siècle pour les Lascaris-Vintimille, l’une des plus importantes familles de la noblesse niçoise que Charles Emmanuel II, Duc de Savoie, considérait comme la « principalissima » du Comté de Nice. Cette demeure aristocratique invite à la découverte de plafonds ornés de fresques à thèmes mythologiques et de stucs datant de la fin du XVIIe ainsi que des peintures et arts graphiques, sculptures, objets et mobilier d’art, tapisseries d’Aubusson et des Flandres des XVIIe et XVIIIe siècles. Le Palais Lascaris abrite également une remarquable collection d’instruments de musique qui représente la deuxième collection publique française après celle du Musée de la Musique à Paris et l’une des plus importantes d’Europe.
Le Centre diocésain d’art sacré, inauguré en octobre 2020, a pour finalité la conservation et la valorisation des collections appartenant au diocèse en matière d’orfèvrerie, de paramentique (vêtements liturgiques) et d’objets liés au culte. En présentant les souvenirs du passé, il souligne la dimension historique de la communauté chrétienne présente à Nice et dans les Alpes-Maritimes. Plus largement, le Centre diocésain d’art sacré est un outil de la mission de l’Église par son ouverture au public et un foyer d’éducation à l’art chrétien et à la compréhension des valeurs qu’il véhicule.
Commissariat :
Elsa Puharré, Conservatrice du Palais Lascaris, assistée d’Estelle Vanneste, chargée des collections
Gilles Bouis, Délégué épiscopal à l’art sacré (Diocèse de Nice)